Facilité de l'exé fet, laquelle de tems en tems il re- Ce qui eft encore à eftimer de ce cution de projet, Monfeigneur, c'eft la facilité ce projet de l'exécution; car il eft aifé de faire venir des provinces les Memoires fur lefquels on peut régler, dans le Confeil du Roi, les contributions d'un cha chacun, fuivant l'une de ces trois divifions qui font dans ce Memoire, au choix de S. M.; en arréter l'état, dreffer pour fon exécution la déclaration du Roi, la faire verifier par tout où befoin fera, régler par diocèfe des Receveurs ambulans néceffaires à la levée des deniers Royaux, & régler même leurs apointemens, pour donner, avec plus de connoiffance de caufe, à une puiffante compagnie folidairement obligée, à faire le recouvrement de tous les revenus du Roi, fur le pied de l'état general arrété en fon Confeil à fix deniers pour livre au plus de remife, à condition de faire les mauvais deniers bons, & avec defenfe d'exiger aucune chofe au delà de la fixation des contributions d'un chacun, à peine de concuffion. Cependant les affaires fans aucune interruption iroient toujours leur train, fur le pied qu'elles font prefentement, puifqu'au jour deftiné pour commencer la levée du revenu futur de S. M. tous les autres impôts feroient abolis, à la décharge du peuple. Et Et fi S. M. ne vouloit pas attendre que le terme des derniers Baux fût expiré, elle pouroit donner aux Fermiers d'aujourd'hui un dédommagement plus avantageux pour eux, que ne feroit l'entiere jouïffance de leur Ferme, & elle en auroit encore beaucoup de refte, & y trouveroit un profit confiderable. C'est dans ce tems-là, Monfeigneur, que les Financiers feroient des fortunes innocentes, légitimes & fans envie; qu'ils auroient la confcience en repos, & qu'on les verroit en eftime auprès du Monarque, & en veneration parmi fes Sujets. CHA Encore que la plupart du monde combien France Roi, eft prix de ce s'imagine que le Roi ait autant ce que la de revenu lui feul qu'en ont tous les paye au Sujets ensemble il eft conftant que peu de tous les deniers, qu'on lève fur le chofe, au peuple, ne font pas la centieme par- qu'elle tie des biens infinis, que la France produit. produit tous les ans. Voici une preuve affez aparente, Monfeigneur, de cette verité. des habi total de ce Nos Géographes les plus éclairés Nombre tiennent qu'il y a vingt-trois à trente tans de la millions de Sujets en France prefente- France, & ment, qui y vivent des biens qu'elle qu'ils déproduit, fans fecours étranger. Je penfen: fupofe que tous ces Sujets-là, depuis nouriture. le premier jufqu'au dernier, dépen fent, l'un chacun l'autre portant dix fols par jour pour leur nouriture, qui font deux cents livres : fur ce pied, vous trouverez que tous les ans la pour leur Combien nit d'au tans & la France fournit des vivres pour cinq milliards environ, qui font cinquante fois cent millions de li vres. le Royau-Joignez à cela tout ce qu'elle fourme four- nit, & pour les vétir & pour les lotres chofes ger, & tout ce qu'elle vend aux Eaux habi- trangers, vous trouverez encore plus de cinq milliards en ces trois derniers articles; de maniere que l'on peut dire , Monfeigneur que la France produit chaque année plus de dix milliards aux Etran gers. en ce que l'Etat & la Nature donnent enfemble ou , qui font cent fois féparément fans par ler des dépenfes fuperflues, qui prefque en toutes chofes excèdent le néceffaire. an Or fi le Roi ne reçoit de fes Sujets qu'environ fix vingt millions par il n'y a pas lieu de croire que S. M. toute feule ait autant de revenu que tous fes Sujets enfemble, puifqu'elle n'en retire que la centieme partie, qui eft bien éloignée de la moitié. Quant |