ment d'infanterie. La statue de la liberté, posée sur un brancard drapé aux couleurs nationales, et porté par des hommes robustes, vêtus à la grecque. - Chaque section figurera dans la marche selon l'ordre numérique établi par le règlement municipal; elle sera représentée par des députés nommés par l'assemblée générale. En avant du groupe que formera chaque section, sera portée une enseigne marquée du nom et du numéro de la section. A la suite de la vingt-quatrième section, sera porté un gros faisceau de piques réunies à leur sommet par un cercle fond azur, liseré de filets rouges et blancs, bordé de feuilles de chêne, sur lequel sera écrit, VILLE DE PARIS, et d'où partiront quarante-huit rubans tricolores portant chacun le nom d'une section: les vingt-quatre autres suivront dans le même ordre que les premiers. Un groupe de femmes prises dans toutes les sections; elles seront vêtues de blanc et porteront une ceinture aux couleurs nationales; ce groupe sera précédé d'une bannière avec cette inscription: Citoyennes, donnez des enfans à la patrie, Leur bonheur est assuré. L'acte constitutionnel sera porté par une Minerve, symbole de toutes les vertus qui ont présidé à sa rédaction et à son acceptation; cette statue sera placée sur un brancard drapé aux couleurs nationales, et portée par des hommes vêtus suivant le nouveau costume français; ce brancard sera entouré de vieillards tenant des enfans par la main. On y distinguera la fille de Lajouski, enfant de la Commune, et le jeune Gilbert, enfant de la République. En avant de ces groupes sera une bannière sur laquelle on lira : Heureux enfans, jouissez de ses bienfaits; nous soupirâmes longtemps après elle! › Grand corps de musique. - Groupe de peuple manifestant son allégresse par des danses. Le conseil-général. Au milieu des membres du conseil seront portés, sur un brancard drapé aux couleurs nationales, les procès-verbaux des quarantehuit sections qui coustatent leur vou sur la Constitution; ce brancard sera porté par des citoyens vêtus suivant le costume proposé par David; il sera précédé par une bannière portant pour inscription: Procès-verbaux des quarante-huit sections. La marche sera fermée par un détachement de cavalerie. Le cortége se rendra à neuf heures du matin à la maison commune; il partira à dix heures de la place de Grève, suivra les quais, les rues du Roule, Saint-Nicaise, Saint-Honoré et la place de la Fraternité. › Un événement imprévu changea cette fête en scènes de deuil. Le 13, à sept heures du soir, au moment où les sœurs de Léonard Bourdon se présentaient à la Convention pour obtenir la grâce des assassins de leur frère, Marat était poignardé par Charlotte Corday. Depuis le 31 mai Marat n'avait paru à la Convention qu'un petit nombre de fois. Le 2 juin, il avait fait excepter du décret d'arrestation, d'abord prononcé contre eux, Fonfrède, Ducos, Saint-Martin, Dussaulx et Lanthenas. Le 3, il avait écrit qu'il se suspendait de l'exercice de ses fonctions jusqu'après le jugement des représentans accusés. Le 6, il demanda, par une lettre, que l'assemblée décrétât la mise en liberté des patriotes incarcérés à Marseille, à Lyon et à Grenoble, où, disait-il, la contrerévolution venait d'être opérée. Il reprit ses fonctions le 17. Dans cette séance il parla pour blâmer la manie des amendemens: Lorsqu'un plan de constitution, dit Marat, a été médité par des hommes éclairés bien intentionnés, je crois qu'on ne peut y toucher sans le gâter; et j'ai toujours comparé ces faiseurs d'amendemens à un spectateur qui, voyant une belle tête, en ôterait un œil pour y placer un doigt. Le lendemain il fit à la tribune les dénonciations suivantes : Il y a trois mois que je vous ai dénoncé le général Ligonier, infâme suppôt de biribi, que le traître Beurnonville a placé à la tête d'une armée. C'est lui qui est l'auteur de la défaite de nos troupes auprès de Saumur. A la nomination des quatre députés qui demandèrent à aller à la Vendée, parmi lesquels étaient Lecointe-Puyraveau et Duchâtel, je dis que c'était une conspiration. Il est certain qu'ils ont soufflé la révolte dans les départemens. Vous avez décrété d'accusation Duchâtel, il faut lancer le décret d'arrestation con tre les trois autres. Je vous ai dénoncé Westermann, agent de Dumourier, accusé de bassesses et de pillage, homme infame qu'il voulait faire émigrer avec lui, et que le comité de salut public a maintenu à la tête des troupes; Dumourier part de Bruxelles avec trois mille émigrés pour se rendre à la Vendée. Je demande un décret d'arrestation contre Westermann et Ligonier; je demande le rappel de Jard-Panviller et Lecointe-Puyraveau dont les sentimens inciviques sont bien connus; je demande l'arrestation de Coustard et de Carra; ce dernier est convaincu d'avoir favorisé l'évasion de Quétineau. Je demande la destitution de Menou. - Robespierre appuya le rapport des commissaires; quant aux mesures qui concernaient les généraux, il en fit renvoyer l'examen au comité de salut public. Ce fut là la dernière fois que Marat parla dans la Convention. Le 12 juin, il écrivit la lettre suivante : Citoyens mes collègues, une maladie inflammatoire, suite des tourmens que je me suis donnés sans relâche, depuis quatre années, pour défendre la cause de la liberté, m'afflige depuis cinq mois et me retient aujourd'hui dans mon lit. Dans l'impossibilité où je suis de me rendre à la Convention, je vous prie de faire donner lecture de l'incluse; elle vous convaincra de la nécessité de mander sans délai Challier à votre barre, non-seulement pour le soustraire à la férocité des aristocrates de Lyon, mais encore pour en tirer des renseignemens sur les causes des troubles de cette ville; j'en fais la demande expresse. Je demande aussi que Lassel, procureur de la commune de Lyon et signataire de l'incluse, y soit pareillement mandé. Je demande encore que vous rendiez, contre le tribunal populaire de Lyon, le même décret que vous avez rendu contre celui de Marseille. Enfin, je demande que la permanence des sections soit supprimée dans toute la République ; cette permanence est le principe et la cause des désastres arrivés depuis peu dans plusieurs grandes villes de l'état; car les riches, les intrigans et les malveillans, courent en foule aux sections, s'en rendent maîtres et y font prendre les arrêtés les plus liberticides; tandis que les journaliers, les ou vriers, les artisans, les détaillistes, les agriculteurs, en un mot, la foule des infortunés forcés de travailler pour vivre, ne peuvent y assister pour réprimer les menées criminelles des ennemis de la liberté. J'avais présenté, il y a dix à douze jours, cette dernière mesure à votre comité de salut public; il en sentit l'importance, promit un rapport. J'ignore les motifs de son silence. Signé, MARAT, député à la Convention. La lettre dont parle ici Marat lui était adressée par Laussel, ex-procureur syndic de la commune de Lyon, arrêté par les ordres de Rovère, Bazire et Legendre, et maintenant détenu à l'Abbaye, où il attendait d'être jugé par le tribunal révolutionnaire. Cette lettre annonçait que les Lyonnais se disposaient à guillotiner Challier. » Marat écrivit encore une fois à la Convention, le 5 juillet; c'était pour renouveler la proposition de mettre à prix les têtes des Capet rebelles. Il accusait aussi le général Biron. La lecture de sa lettre fut interrompue par des murmures. Bréard fit passer à l'ordre du jour, motivé sur ce qu'on ne pouvait pas opiner par écrit. Dans la séance du 12 juillet, la société des Jacobins nomma une commission pour aller visiter Marat. Séance tenante, Maure, l'un des commissaires, fit le rapport suivant : « Nous venons de voir notre frère Marat, qui est bien reconnaissant de l'intérêt que vous lui portez, et qui vous en témoigne toute sa gratitude fraternelle. Nous l'avons trouvé dans le bain ; une table, un encrier, des journaux, des livres auprès de lui, l'occupaient sans relâche de la chose publique. Ce n'est point une maladie, mais une indisposition qui ne prendra jamais les membres du côté droit; c'est beaucoup de patriotisme pressé, resserré, dans un trèspetit corps; les efforts violens du patriotisme qui s'exhalent de toutes parts le tuent; il se plaint de l'oubli de la Convention qui a négligé de lire plusieurs vues de salut public qu'il lui a adressées. (Le Républicain français, no 244.) La vie politique de Marat occupe une assez large place dans notre histoire pour que nous soyons dispensés de lui consacrer, au moment de sa mort, une longue notice. Nous nous contente rons de mentionner en peu de mots les principaux détails de sa biographie. Jean-Paul Marat naquit en Suisse, en 1746. Son père, qui était médecin, dirigea ses premières études; il les acheva à Montpellier, où il reçut le diplome de docteur, aussitôt l'âge requis. Etant ensuite passé en Angleterre, autant pour y étudier les formes politiques de ce pays que pour y exercer son art, à l'occasion de la réélection du parlement, il composa, en anglais, un opuscule intitulé, les Chaînes de l'esclavage'; en 1792, il publia une traduction française de ce livre. De retour à Paris, Marat exerça la médecine avec distinction. Il réussissait surtout dans la cure des maux d'yeux et des maladies chroniques, ce qui le fit surnommer le médecin des incurables. Il obtint la place de médecin des gardes-du-corps du comte d'Artois. Avant la révolution, il s'était fait connaître par différens travaux scientifiques. Ses recherches sur la lumière et sur l'électricité eurent quelque retentissement, plutôt parce qu'il osa se déclarer l'antagoniste de Newton, que pour la valeur de ses propres découvertes. Son meilleur livre fut un traité de L'homme considéré sous le rapport de l'influence du moral sur le physique, ouvrage dont les principes spiritualistes attirèrent sur l'auteur une part des sarcasmes que Voltaire lançait alors contre tout bon sentiment et toute pensée honnête. Dès les premiers jours de la révolution, Marat quitta sa clientelle et ses études de savant pour se livrer à la politique. Il débuta par l'Offrande à la patrie, brochure couronnée par la société patriotique du Caveau; cet essai fut suivi du Plan d'une Constitution juste, sage et libre. Il ne tarda pas à entreprendre son journal, dont le premier numéro parut le 12 septembre 1789. Il eut d'abord pour titre : le Publiciste Parisien, ensuite l'Ami du peuple, enfin Journal de la République française. Deux autres journaux, l'Orateur du peuple et le Junius Français, renferment aussi quelques articles de lui. Le succès du journal de Marat excita des spéculateurs. De faux amis du peuple furent publiés; il en parut jusqu'à quatre en même temps que le véritable. Les faussaires prenaient la devise, |