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sur nos frontières. Le Ministre des Affaires Etrangères ne nous instruit pas de faits aussi alarmans, attendu, allègue-t il, le fêtes de la Fédération. Dans le, même ins1ant, il opine à ce qu'on livre le passage aux Troupes Autrichiennes contre la Lettre des Traités; et M. de la Tour-du-Pin, contre vos Décrets, ordonne aux Commandans des frontières, et même des places fortes depuis Givet jusqu'à Verdun, d'ouvrir leurs portes, à la seule réquisition des Généraux étrangers, à tel Corps de Troupes qui se présenteront, sans examiner leur nombre, ni leur destination. Il n'en instruit pas même l'Assemblée Nationale; il choisit le moment où les peuples des frontières sont en alarmes. Je demande que ces deux Ministres soient improuvés, et qu'ils soient déclarés personnellement responsables de tous les ordres qu'ils peuvent avoir donnés, d'une manière imprudente où pervETSE. »

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Que la Nation Françoise déploie toute « son énergie, qu'il soit ordonné des armemens dans nos ports et sur nos frontières; qu'il soit nommé à cet effet un Comité de huit personnes chargé de se concerter avec les Ministres pour nous donner de plus amples « renseignemens sur notre situation avec les Puissances Etrangères.

Au lieu de discuter cette Motion qu'amenoit le Rapport des Commissaires, M. de Mirabeau l'ainé, soit pour la décliner, soit par un motif de popularité, a jugé convenable de faire une excursion sur M. le Prince de Condé.

Il est notoire, a-t-il prétendu, qu'un Manifeste passe pour avoir été adressé à plusieurs Municipalités, de la part du ci

devant Prince de Condé; Manifeste dénoncé au Comité des Recherches. Vu les circonstances, je fais la Motion suivante, en m'interdisant tous développemens.

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L'Assemblée Nationale considérant qu'il « est de notoriété publique qu'il a été publié un Manifeste sous le nom de Louis-Joseph " Bourbon, dit Condé, (une voix a crié Condé « est bien Condé ; c'est un nom de Guerre,) " attendu le suprême intérêt de la patrie, décrète que Louis-Joseph Bourbon dit Condé, « sera tenu de faire, sous trois semaines, « désaveu authentique et légal de ce manifeste; à défaut de quoi son silence sera réputé « comme un aveu; et en conséquence Louis« Joseph Bourbon dit, Condé, sera déclaré " traître à la Patrie; ses biens confisqués au profit de ses créanciers, et le reste au profit des travaux publics, sous l'inspection des Directoires de Districts et de Départemens, ou remis à ses enfans, s'ils se "présentent pour le recueillir. »

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Si l'Accusé désavoue le Manifeste, a ajouté M. de Mirabeau, que M. d'André ramenoit à la question, « il aura la plus belle » occasion de rentrer dans sa Patrie, et de « prêter le serment civique. "

Et moi, s'est écrié M. de Cazalès, attendu l'intérêt suprême de la Patrie, je demande qu'on passe au Projet de Décret de vos Commissaires. Je sais très-peu de gré à M. de Mirabeau, de ne nous avoir pas donné les développemens dont il dit que sa Motion étoit susceptible. Je n'ai nulle connoissance du Manifeste attribué à M. de Condé, et je crois que les quatre cinquièmes de l'Assemblée se trouvent dans le même cas. Il est inoui d'interpeller ainsi, sur la clameur pu blique, un Prince du sang de nos Rois.

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En conséquence je demande Pajourne ment jusqu'à ce que le Comité des Recherches ait prouvé l'existence du Manifeste.

Toute dénonciation est sûre du premier instant de faveur elle flatte les passions, elle a l'air d'être inspirée par le vrai zèle, et la hardiesse de l'Accusateur en impose au Vulgaire bien plus que l'invraisemblance de l'accusation.

On demande à grands cris le Comité des Recherches; il arrive dans la personne de M. Voidel, son Vice-président. « Si l'Assemblée, dit-il, veut attendre six minutes, je lui communiquerai les bases de ce manifeste jointes à un projet de Contre-révolution."

Pendant qu'un Huissier va chercher le prétendu Manifeste et la Contre-révolution, M. Burnave demande à M. Voidet s'il a connoissance des projets hostiles de M. Capet dit Condé. « Le Ministre, répond le Chef des Recherches, nous a en effet communiqué, par forme de conversation; « Que M. de Condé étoit l'homme le plus dangereux pour la Révolution de France; qu'il avoit de l'argent, et qu'il ne savoit pas comment il se l'étoit procuré,

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M. de Lameth, après s'être plaint de n'avoir pu obtenir du Ministre de la Guerre, des armes demandées par un grand nombre de Municipalités, a fait ajouter au Décret proposé par M. Fréteau, qu'il seroit fait une nouvelle fabrication d'armes et de munitions, et que pour leur livraison aux Municipalités, le Ministre seroit tenu de se concerter avec le Comité Militaire. Cet amendement a été annexé au Décret général qu'on lira dans l'instant.

La Motion de M. d'Aiguillon remise en

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delibération par M. Prieur, combattue par M. de Bonnay et de Castellanne, n'a pas même soutenu l'épreuve de la question préa lable.

Silence, Messieurs! ont crié en entrant les Huissiers, escortant le Projet de Contre-révolution, et aussitôt tous les yeux se sont reportés sur M. Voidel, « Cette dénonciation, a-t-il dit au milieu du calme le plus profond, est signée de M. Castillon, Commandant de la Garde Nationale de Cette; il la tient d'un nomme Georges Combes, Né gociant, absent de Cette en ce moment. Les Contre-revolutionnaires ont pour eux l'Espague qui doit fournir tous les secours nécessaires, tant en Troupes qu'en Vaisseaux et en argent; la Sardaigne qui doit fournir 30,000 hoinmes, la Prusse 30,000 hommes, le Roi de Hongrie 30,000 liv., les Princes, de l'Empire fournissent leur contingent.. Ils doivent entrer par le Pays de Com-. minges; ils se flattent d'avoir pour eux Toulouse, Lyon, Montauban, etc. Le Prince › de Condé doit être Généralissime de l'Armée combinée. Pour attirer plus facilement tous les mécontens François dans son parti, il DOIT PUBLIER un Manifeste, dans lequel on promettra que la Noblesse contribuera sans exemption aux charges pub iques, que le Clergé sera moins bien traite que par les Dé. crets de l'Assemblée Nationale; les dîmes entierement abolies, l'hypotheque le plus sûr donné aux Assignats, l'argent rendu commua, une partie de la Garde Nationale con servée, etc. Ils doivent entrer vers la fin de ce mois de Juillet, ou au commencement du mois prochain.

Cette dénonciation à la Municipalité de Cette finis par ces mots : « Les momens sont

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précieux; notre Garde Nationale a heroin
d'arnes; je vous prie d'en referer à l'Assem
blée Nationale, et de nous autoriser à un
emprunt de 150co liv. pour lai en procurer."

Ce tissu d'extravagances où l'on fait entrer
60000 Allemands par ie Pays de Comminges;
cet ouvrage d'un affamé qui ambitionne
une aumone en récompense de sa découverte,
cette fable stupide, si bien accueillie par M.
Castillon, étoit suivie d'une belle Delibéra-
tion de la Commuze'de Cette. M. Poidel al-
loit en faire lecture pour compléter, sans
doute, la preuve de ce Chef d'œuvre de
Coutre-Revolution; mais l'Assemblée lui.
avoit rendu justice, et a refusé d'en enten-
dre davantage. Un Membre a regardé la de
mande des 15000 liv. comme le bout d'oreille,
comme le but de la dénonciation.

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Le Commandant de la Garde Nationale de Cette, a ajouté M. de Foucault, n'avoit pas besoin de forger uue Dénonciation pour avoir des armes : il faut l'autoriser à prendre ces 15,000 liv. sur les 50,000 qu'à promis M. de la Borde au Comité des Recherches.

M. de Mirabeau seul insistoit sur la propriété, la convenance, la justesse de sa Mo. tion; non ébranlé par l'absurdité du Projet, il trouvoit judicieux et prudent de soupçonner M. le Prince de Condé d'un acte de démence que M. de Mirabeau n'eût pas osé imputer à son Laquais, de constater ce soupçon par un Décret, de déclarer le Prince de Conds traître à l'Etat, s'il ne répondoit pas à la sommation, et la raison qui, suivant la politique de M. de Mirabeau, devoit déterminer l'Assemblee à cet outrage, il la trouvait dans les talens militaires de celui qu'il falloit ou

trager.

!

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