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'd'eux : Mon ami, je ne vous fais point de tort; n'êtesvous pas convenu avec moi à un denier pour votre journée? Prenez ce qui vous appartient, & vous en allez ; pour moi, je veux donner à ce dernier autant qu'à vous: ne m'eft-il pas permis de faire ce qu'il me plaît? Faut-il que votre œil foit mauvais, parce que je fuis bon? Ainfi les derniers feront les premiers, & les premiers feront les derniers : car il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.

DIMANCHE DE LA SEXAGÉSIME.

En faint Luc, Chap. 8. v. 4.

LE Peuple s'étant assemblé en grand nombre, & plu

parce

fieurs même étant accourus des Villes vers Jefus, il leur dit en parabole : Un Semeur étoit allé femer fon bled; & lorfqu'il le femoit, il en tomba fur le bord du chemin une partie qui fut foulée aux pieds & mangée par les oifeaux du Ciel. Une autre partie tomba fur des pierres; & elle n'eut pas plutôt pouffé, qu'elle fe fécha, qu'elle n'avoit pas d'humidité. Une autre partie tomba dans des épines, qui, montant & croiffant avec le bled, l'étoufferent. Une autre partie tomba dans de bonne terre, & ayant levé rapporta du fruit au centuple. Après avoir dit ces paroles, il crioit : Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre. Ses Difciples lui ayant demandé ce que vouloit dire cette parabole, il leur répondit : Pour vous, il vous a été donné de comprendre le Mystère du Royaume de Dieu : mais pour les autres, autres, ils ne l'enten.. dent qu'en parabole, afin qu'en voyant ils ne voient pas, & qu'en entendant ils ne comprennent pas. Voici donc

le fens de la parabole: Le bled, c'eft la parole de Dieu. Le bord du chemin où il est tombé, fignifie ceux qui écoutent la parole; mais le démon vient enfuite, & l'ôte de leur cœur, de peur que croyant, ils ne foient fauvés. Les pierres fur lefquelles il en eft tombé, fignifient ceux qui écoutent la parole, & qui la reçoivent avec joie; mais qui n'ayant point de racine, ne croient que pour un temps, & lorfque la tentation s'éleve, ils fe retirent. Les épines parmi lesquelles il en eft tombé, marquent ceux qui, après avoir entendu la parole, la laiffent étouffer par les foins, par les richeffes, & par les plaisirs de la vie, & ne rendent point de fruit. Mais la bonne terre où il en est tombé, représente ceux qui, ayant entendu la parole, avec un cœur bon & très-bien disposé, la conservent, & rapportent du fruit avec patience,

DIMANCHE DE LA QUINQUAGÉSIME, En faint Luc, Chap. 18. v. 31.

JESUS

ESUS prit à part les douze Apôtres, & leur dit : Je vous déclare que nous allons à Jérufɔlem, & que toutes les chofes que les Prophètes ont écrites touchant le Fils de l'Homme, seront accomplies. Car il sera livré aux Gentils, il fera outragé, il fera fouetté, & on lui crachera au vifage: &, après l'avoir fouetté, ils le feront mourir, & trois jours après il reffufcitera. Mais ils ne comprirent rien de tout ce discours : c'étoit pour eux des chofes cachées, & ils n'entendirent point ce qu'il leur difoit. Lorfqu'ils furent près de Jéricho, un Aveugle, qui étoit affis fur le chemin, où il demandoit l'aumône, ayant oui passer beaucoup de monde, s'informa de ce que

a

c'étoit. On lui dit que c'étoit Jefus de Nazareth qui paffoit. Auffi-tôt il fe mit à crier : Jefus Fils de David, ayez compaffion de moi. Or ceux qui marchoient devant, le reprenoient pour le faire taire; mais il crioit encore plus fort: Fils de David, ayez pitié de moi. Alors Jefus s'arêtant, commanda qu'on le lui amenât; & quand il fut près de lui, il lui demanda : Que voulez-vous que je vous faffe? Seigneur, lui dit-il, faites que je voie. Jefus lui dit, Voyez votre foi vous a fauvé. A l'heure même il vit, & il le fuivit en béniflant Dieu: & tout le Peuple qui fut témoin de ce miracle, rendit gloire à Dieu.

PREMIER DIMANCHE DE CARÊME.

JESU

y

En faint Matthieu, Chap. 4. v. 1.

ESUS fut conduit par l'Esprit dans le désert, afin qu'il fût tenté par le démon. Et après qu'il eut jeûné quarante jours & quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur s'étant approché de lui: Si vous êtes, dit-il, le Fils de Dieu, commandez que ces pierres fe changent en pain. Mais il lui répondit: Il est écrit : L'homme ne vit pas feulement de pain, mais de toute parole qui fort de la bouche de Dieu. Alors le démon le tranfporta dans la Ville sainte, & l'ayant mis fur le haut du Temple, lui dit: Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas; car il eft écrit, que Dieu a commandé à fes Anges de prendre soin de vous, & qu'ils vous porteront dans leurs mains; de peur que vous ne vous heurtiez le pied contre quelque pierre. Mais Jefus lui dit : Il est écrit auffi: Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. Le démon le prit pour la feconde fois, & l'ayant porté sur une montagne

fort haute, il lui montra tous les Royaumes du monde avec leur gloire, & lui dit : Je vous donnerai toutes ces chofes, fi vous vous profternez devant moi pour m'adorer. Jefus lui répondit : Retire-toi, Satan; car il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, & vous ne servirez que lui feul. Alors le démon le laissa, & il vint auffi-tôt des Anges qui le fervirent.

II. DIMANCHE DE CARÊME,

En faint Matthieu, Chap. 17. v. 1.

JESUS prenant à part Pierre, Jacques & Jean fon frère,

les emmena fur une haute montagne, & fut transfiguré
devant eux. Son visage devint brillant comme le Soleil;
& fon habit, blanc comme la neige. Toup d'un coup ils
virent Moïfe & Elie qui s'entretenoient avec lui. Et
Pierre dit à Jefus : Seigneur, nous fommes bien ici; si
vous le trouvez bon, faifons - y trois tentes; une pour
vous, une pour Moïfe, & une pour Elie. Lorfqu'il par-
loit encore, ils furent couverts d'une nuée lumineuse
d'où il fortit une voix qui dit : Celui-ci est mon Fils bien-
aimé, en qui je me plais uniquement: écoutez-le. Les
Difciples ayant oui cette voix, tomberent le vifage contre
terre, & furent faifis d'une grande frayeur. Mais Jefus
s'approcha, & leur dit en les touchant: Levez-vous, &
ne craignez point. Alors ils regarderent, & ne virent plus
que Jefus feul. Et, en defcendant de la montagne, Jefus
leur défendit de dire à perfonne ce qu'ils avoient vu, jus-
qu'à ce que
le Fils de l'Homme fût reffufcité.

III. DIMANCHE

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III. DIMANCHE DE CARÊME.

En faint Luc, Chap. 11. v. 14.

JESUS chaffoit du corps d'un homme un démon qui

étoit

muet;

& le démon étant forti, le muet parla, ce qui donna de l'admiration au Peuple. Mais quelques-uns dirent: C'eft par Béelzebub, Prince des démons, qu'il chaffe les démons. D'autres le tentant lui demandoient qu'il fît un miracle dans le Ciel. Mais voyant leurs penfées, il leur dit : Tout Royaume qui eft divisé contre luimême, fe détruit, & toute maifon qui eft divifée, tombe en ruine. Si Satan eft divifé contre lui-même, comment son Royaume subsistera-t-il? puisque vous dites que c'est par Béelzebub que je chaffe les démons. Et fi c'est par Béelzebub que je chaffe les démons, par qui vos enfans les chaffent-ils ? C'eft pour cela qu'ils feront vos juges. Si c'est par le doigt de Dieu, que je chaffe les démons, certainement le Royaume de Dieu eft venu jufqu'à vous. Lorsqu'un homme fort, étant bien armé, garde l'entrée de fa maison, ses biens font en fûreté. Mais s'il en vient un plus fort que lui, qui le vainque, il lui enleve toutes ses armes où il mettoit fa confiance, & il partage fes dépouilles. Quiconque n'est pas avec moi, eft contre moi; & quiconque ne recueille pas avec moi, diffipe. Après que l'Efprit impur eft forti d'un homme, il s'en va dans des lieux arides cherchant du repos; mais n'en trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je suis forti. Et lorsqu'il y revient, il la trouve nette & ornée. En même-temps il s'en va, & prend avec lui fept autres Efprits plus méchans que lui, & étant entrés dans cette

II. Partie.

Аа

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