c'étoit. On lui dit que c'étoit Jefus de Nazareth qui paffoit. Auffi-tôt il fe mit à crier : Jefus Fils de David, ayez compaffion de moi. Or ceux qui marchoient devant, le reprenoient pour le faire taire; mais il crioit encore plus fort: Fils de David, ayez pitié de moi. Alors Jefus s'arêtant, commanda qu'on le lui amenât; & quand il fut près de lui, il lui demanda : Que voulez-vous que je vous faffe? Seigneur, lui dit-il, faites que je voie. Jefus lui dit, Voyez votre foi vous a sauvé. A l'heure même il vit, & il le fuivit en bénissant Dieu: & tout le Peuple qui fut témoin de ce miracle, rendit gloire à Dieu. : PREMIER DIMANCHE DE CARÊME. En faint Matthieu, Chap. 4. v. 1. pas ESUS fut conduit par l'Esprit dans le défert, afin qu'il y fût tenté par le démon. Et après qu'il eut jeûné quarante jours & quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur s'étant approché de lui: Si vous êtes, dit-il, le Fils de Dieu, commandez que ces pierres fe changent en pain. Mais il lui répondit: Il est écrit : L'homme ne vit feulement de pain, mais de toute parole qui fort de la bouche de Dieu. Alors le démon le tranfporta dans la Ville fainte, & l'ayant mis fur le haut du Temple, lui dit: Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas; car il est écrit, que Dieu a commandé à fes Anges de prendre foin de vous, & qu'ils vous porteront dans leurs mains; de peur que vous ne vous heurtiez le pied contre quelque pierre. Mais Jefus lui dit: Il est écrit auffi : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. Le démon le prit pour la feconde fois, & l'ayant porté sur une montagne fort haute, il lui montra tous les Royaumes du monde avec leur gloire, & lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses, si vous vous prosternez devant moi pour m'adorer. Jesus lui répondit : Retire-toi, Satan; car il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, & vous ne fervirez que lui seul. Alors le démon le laissa, & il vint auffi-tôt des Anges qui le servirent. II. DIMANCHE DE CARÊME. En faint Matthieu, Chap. 17. v. 1. JESUS prenant Esus prenant à part Pierre, Jacques & Jean son frère, les emmena sur une haute montagne, & fut transfiguré devant eux. Son visage devint brillant comme le Soleil ; & fon habit, blanc comme la neige. Toup d'un coup ils virent Moïfe & Elie qui s'entretenoient avec lui. Et Pierre dit à Jesus : Seigneur, nous fommes bien ici; fi vous le trouvez bon, faifons - y trois tentes; une pour vous, une pour Moïfe, & une pour Elie. Lorsqu'il parloit encore, ils furent couverts d'une nuée lumineuse, d'où il fortit une voix qui dit : Celui-ci est mon Fils bienaimé, en qui je me plais uniquement: écoutez-le. Les Disciples ayant oui cette voix, tomberent le visage contre terre, & furent faifis d'une grande frayeur. Mais Jesus s'approcha, & leur dit en les touchant : Levez-vous, & ne craignez point. Alors ils regarderent, & ne virent plus que Jefus feul. Et, en defcendant de la montagne, Jesus leur défendit de dire à perfonne ce qu'ils avoient vu, jus, qu'à ce que le Fils de l'Homme fût ressuscité. III. DIMANCHE III. DIMANCHE DE CARÊME. * par En faint Luc, Chap. 11. v. 14. JESUS chaffoit du corps d'un homme un démon qui étoit muet; & le démon étant forti, le muet parla, ce qui donna de l'admiration au Peuple. Mais quelques-uns dirent: C'eft par Béelzebub, Prince des démons, qu'il chaffe les démons. D'autres le tentant lui demandoient qu'il fît un miracle dans le Ciel. Mais voyant leurs penfées, il leur dit : Tout Royaume qui eft divisé contre luimême, se détruit, & toute maison qui eft divifée, tombe en ruine. Si Satan eft divifé contre lui-même, comment son Royaume fubfiftera-t-il? puifque vous dites que c'eft par Béelzebub que je chaffe les démons. Et fi c'est Béelzebub que je chaffe les démons, par qui vos enfans les chaffent-ils ? C'eft pour cela qu'ils feront vos juges. Si c'est par le doigt de Dieu, que je chasse les démons, certainement le Royaume de Dieu eft venu jufqu'à vous. Lorfqu'un homme fort, étant bien armé, garde l'entrée de fa maison, fes biens font en fûreté. Mais s'il en vient un plus fort que lui, qui le vainque, il lui enleve toutes ses armes où il mettoit fa confiance, & il partage fes dépouilles. Quiconque n'est pas avec moi, est contre moi; & quiconque ne recueille pas avec moi, diffipe. Après que l'Efprit impur eft forti d'un homme, il s'en va dans des lieux arides cherchant du repos; mais n'en trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je fuis forti. Et lorfqu'il y revient, il la trouve nette & ornée. En même-temps il s'en va, & prend avec lui fept autres Efprits plus méchans que lui, & étant entrés dans cette II. Partie. A a maison, ils y font leur demeure ; & le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Lorfque Jefus difoit ces chofes, une femme élevant fa voix du milieu du Peuple, lui dit : Bienheureux eft le fein qui vous a porté, & bienheureuses font les mamelles qui vous ont nourri. Mais plutôt, dit-il, bienheureux font ceux qui écoutent la parole de Dieu, & qui la gardent. IV. DIMANCHE DE CARÊME. En faint Jean, Chap. 6. v. 1. JESUS paffa la mer de Galilée, qui s'appelle auffi la • mer de Tibériade: & une grande multitude de peuple, attiré par les miracles qu'ils lui voyoient faire fur les malades, l'ayant fuivi, il fe retira fur une montagne, où il s'aflit avec fes Disciples. Or le jour de Pâques, qui étoit la grande fête des Juifs, étoit proche. Jefus donc ayant levé les yeux, & vu qu'une grande multitudé de peuple venoit à lui, dit à Philippe : Où acheterons-nous tout le pain qu'il faut pour nourrir tout ce monde? Mais il ne parloit ainfi que pour l'éprouver; car il fçavoit bien ce qu'il devoit faire. Philippe lui répondit: Quand nous aurions pour deux cens deniers de pain, cela ne fuffiroit pas pour en donner tant foit peu à chacun. André, frère de Simon-Pierre, l'un des Difciples de Jefus, lui dit : Il y a ici un jeune homme qui a cinq pains d'orge, & deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens? Jefus donc leur dit : Faites les affeoir. Il y avoit beaucoup d'herbe en ce lieu-là ; & environ cinq mille hommes s'y affirent. Jefus prit donc les pains, &, après avoir rendu graces à Dieu, il les diftribua à ceux qui étoient affis & il leur donna auffi de ces poiffons autant qu'ils en voulurent. Après qu'ils furent raffafiés, il dit à fes Difciples. Ramaffez les morceaux qui font reftés, afin que rien ne fe perde. Ils les ramafferent, & remplirent douze paniers des morceaux des cinq pains d'orge, qui étoient restés à ceux qui avoient mangé. Ces perfonnes donc, ayant vu le miracle que Jefus venoit de faire, difoient : Sans doute, c'eft-là le Prophète qui doit venir au monde. Mais Jefus fçachant qu'ils viendroient l'enlever pour le faire Roi, se retira seul plus loin sur la montagne. DIMANCHE DE LA PASSION. En faint Jean, Chap. 8. v. 46. JESUS dit aux Juifs : Qui d'entre vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyezvous point? Celui qui est né de Dieu, écoute les paroles de Dieu; c'est parce que vous n'êtes pas nés de Dieu, que vous ne les écoutez pas. Les Juifs lui répondirent : N'avons-nous pas raifon de dire que vous êtes un Samaritain, & poffédé du démon? Jesus répondit: Je ne suis point poffédé du démon, mais j'honore mon Père; & vous, vous m'avez déshonoré. Néanmoins je ne cherche point ma gloire; un autre la cherchera, & me fera juftice. En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui garde ma parole, ne mourra jamais. Les Juifs lui dirent: C'est maintenant que nous connoiffons que vous êtes poffédé du démon. Abraham eft mort, & les Prophètes auffi, & vous dites: Si quelqu'un garde ma parole, il ne mourra jamais. Êtes-vous plus grand que notre Père Abraham, qui eft mort, & que les Prophètes, qui font morts auffi ? |