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STANFORD LIBRARY

AFFAIRES D'ÉGYPTE.

M. WADDINGTON, Ministre des Affaires étrangères,

à M. le Marquis d'HARCOURT, Ambassadeur de France à
Londres.

Paris, le 28 janvier 1878.

Monsieur le Marquis, le Gouvernement anglais a tenu à faire part à son Agent au Caire des déclarations si satisfaisantes que vous avez recueillies il y a quelque temps de la bouche du Comte Derby et de celle de Lord Beaconsfield au sujet de l'Égypte, et à leur donner ainsi une sanction dont nous apprécions toute la valeur. Mais M. Vivian ne s'est pas contenté de communiquer ces assurances à notre Consul général : il a paru désireux de lui indiquer en même temps qu'elles pourraient servir utilement de point de départ à une entente entre les deux Gouvernements sur les questions soulevées par les embarras financiers du Khédive.

Vous savez, Monsieur le Marquis, avec quelle répugnance le Gouvernement de Son Altesse envisage les obligations qu'il a contractées envers ses créanciers étrangers par les arrangements du mois de novembre 1876, qu'il dénonce comme trop lourds et dont il poursuit avec activité la réduction. Pour atteindre ce but, il réclame aujourd'hui une nouvelle enquête sur l'ensemble de ses ressources, et, avec les résultats qu'il en attend, il se fait fort sans doute de démontrer l'exagération des charges qui pèsent sur son Trésor.

Dans un entretien qu'il a eu récemment avec M. le Baron Des Michels, le Consul général britannique a exprimé les craintes les plus vives, et probablement les mieux fondées, sur les périls de cette

situation, donnant à entendre que les intérêts des créanciers du Khédive étaient fort exposés si, dans un avenir très prochain, ils ne trouvaient pas un appui sérieux à l'étranger. A l'objection que l'Angleterre sétait toujours refusée à entrer dans cette voie, M. Vivian a répondu que le meilleur moyen de l'y disposer serait d'établir l'appréciation des ressources du Khédive sur des bases indiscutables, et il a ajouté que, si une enquête sérieuse était faite par les créanciers européens, sous le patronage des Cabinets intéressés, il ne serait pas impossible d'en consacrer les résultats par un arrangement qui aurait l'approbation de l'Angleterre, et que le Khédive serait contraint d'exécuter.

Avant d'adresser à M. le Baron des Michels les instructions que comporte cette suggestion, nous tenons à nous assurer du degré d'importance qu'y attache le Cabinet de Londres. En principe, les créanciers étrangers du Vice-Roi ne peuvent qu'envisager avec défiance une enquête qui, si elle s'accomplissait d'après le programme de Son Altesse, ne porterait que sur les recettes de l'Égypte, à l'exclusion de ses dépenses. Mais il en serait tout autrement si cette restriction insoutenable était écartée et si, de plus, il devait sortir de la procédure dont il s'agit un accord entre les Cabinets de Londres et de Versailles pour sauvegarder, sur une base commune, en nous maintenant dans les données d'une action simplement officieuse, des intérêts livrés jusqu'ici, sans contrepoids suffisamment efficace, à des calculs peu scrupuleux.

D'ailleurs, chaque jour amène en Égypte de nouveaux incidents qui semblent de nature à rendre plus pressante, entre l'Angleterre et la France, l'entente que nous désirons. Les Consuls des Puissances ont été saisis, tout récemment, par les principaux avocats accrédités près les tribunaux de la Réforme, d'une protestation qui jette le jour le plus triste sur les procédés administratifs du Khédive. Les signataires de ce document relèvent avec quelle rigueur impitoyable les particuliers sont exécutés chaque fois que l'État obtient contre eux une condamnation judiciaire, tandis que les sentences rendues à leur profit contre Son Altesse par les mêmes tribunaux restent la plupart

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