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E. PLON, NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-ÉDITEURS

10, RUE GARANCIÈRE

1894

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AVANT-PROPOS

Après avoir relu tout ce que j'ai écrit depuis huit ans, je me suis d'abord demandé quel titre je mettrais en tête des volumes assez nombreux que ce travail a produits; puis j'ai cherché à me rendre compte du jugement qui en sera porté, s'il lui est un jour donné d'avoir des lecteurs.

Dans tous les cas, ce jour n'arrivera, si ma volonté est suivie, qu'assez longtemps après ma mort.

Le titre de Mémoires est bien usé; je ne tiens pas d'ailleurs une place assez haute dans ce long écrit, les événements que j'y raconte sont trop grands, pour qu'il puisse me convenir de me mettre en première ligne; d'autre part, le titre d'Histoire est bien solennel, et puis sera-t-il suffisamment rempli? J'ai passé sous silence tant de choses, j'ai marché si vite à certains moments!

Si j'ai cherché à abréger le récit des événements si connus de la Révolution française, j'ai plus longuement parlé de la Restauration; j'ai dû tracer l'histoire de la politique générale de l'Europe pendant une période de temps où les faits ont été de la plus haute importance;

(ORGAL)

96020

les révolutions d'Espagne, celle de Naples et de Piémont ont éclaté, la Grèce a jeté les fondements de l'indépendance qui paraît être assurée à ce pays, si grand par le souvenir de son glorieux passé; là se trouvent les germes des événements qui rempliront peut-être le dix-neuvième siècle.

En réfléchissant sur la meilleure manière de caractériser ce qui peut se trouver contenu dans ces pages, je suis arrivé à croire que l'intitulé: Histoire de mon temps serait le plus convenable.

Ce qui importe plus que le choix du titre de l'ouvrage, c'est de savoir comment j'aurai su en remplir le cadre, quelle impression, surtout, sa lecture devra laisser sur le compte de l'auteur; toutefois, je prie qu'on veuille bien croire que le soin dont je suis le moins occupé est celui de défendre et de faire valoir les très faibles mérites littéraires qui s'y peuvent rencontrer. Sur ce point, je me résigne, sans nulle arrière-pensée, à la sévérité des jugements qui me sont réservés.

Il ne servirait guère de dire que le peu de talent naturel dont je pouvais être doué n'a pas été fortifié par de premières études approfondies, qu'ensuite l'oisiveté, le découragement, où m'ont jeté les dix ou douze premières années de la Révolution, m'ont complètement détourné du travail sérieux qui aurait pu remédier à cet inconvénient.

Lorsque je me suis vu entraîné dans le tourbillon des affaires, elles m'ont absorbé trop complètement pour qu'il m'ait été possible de regagner le temps perdu, de me créer ce qu'on peut, à juste titre, appeler un style;

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mais cette concession ne suffit pas; on sera fondé à remarquer que l'ensemble de l'ouvrage n'a pas été conçu d'un seul jet, que le travail auquel il a donné lieu n'a pas toujours été poursuivi dans l'ordre rigoureux des dates. On pourra trouver enfin que l'étendue accordée à chacune de ses parties n'est pas suffisamment proportionnée à leur importance réelle.

Sur tout cela, je demande l'indulgence; ce qui m'importe au plus haut degré, c'est l'opinion qu'on pourra concevoir de ma manière d'apprécier les choses et les hommes, surtout de la liaison, de l'accord qui se rencontrent dans mes impressions, de l'esprit de suite qui a dicté les jugements que je porte, suivant les différentes situations dont je rends compte.

J'ai commencé à écrire en 1822; il est hors de doute que mes opinions sur les matières politiques avaient dû subir de grandes modifications depuis 1787, époque de mon entrée au Parlement; mes idées, mes sentiments, avaient fait route dans un sens qui n'est pas celui dans lequel les esprits marchent le plus communément. Ainsi les jeunes gens sont presque toujours enclins aux idées d'indépendance et de liberté; il n'est pas rare qu'ils les adoptent avec passion, avec emportement.

L'âge plus mûr leur apporte la démonstration de certains besoins sociaux qui sont très favorables au développement du pouvoir, et, quand la vieillesse arrive, ce pouvoir, fort habituellement, les trouve enrôlés sous sa bannière.

J'ai, comme les autres, obéi, en commençant ma carrière, aux inspirations de mon jeune âge; mais les scènes

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