Votre sympathie m'est trop précieuse pour que je laisse passer la première occasion qui s'offre à moi de vous en témoigner publiquement ma reconnaissance. C'est une fête que mon esprit promettait depuis longtemps à mon cœur.-Daignez en accepter l'hommage en acceptant la dédicace de cette Thèse. A défaut d'autre mérite elle a du moins celui d'être une franche et sincère profession de ma foi. C'est ce qui explique le retard que j'ai mis à la présenter; avant d'arborer un principe, ne faut-il pas s'assurer de pouvoir y rester fidèle? Il y a peut-être dans ces quelques pages certaines idées que vous ne partagez point. Cette considération ne m'a pas empêché de les placer sous l'égide de votre nom; car je sais que vous êtes de ceux qui dans leur entière confiance en l'avenir du protestantisme, en adoptent, sans restriction et sans crainte, l'immortelle devise. Il y a aussi, je ne me le dissimule pas, de nombreuses imperfections; mais votre bienveillance les oubliera comme votre tolérance excuse quelques dissentiments, pour nous réunir dans une parfaite conformité de bonnes intentions. Tout à vous, de cœur, et à toujours. Strasbourg, le 1er juin 1852. J. F. GRUET. Vignaud 3-6-30 INTRODUCTION. Une étude sur le mysticisme semble au premier abord inopportune et surannée. Ce mot rappelle ordinairement l'idée d'éxagérations religieuses. Or, jamais elles ne furent moins à craindre. Bien loin derrière nous est le temps où l'on se passionnait pour les ravissements de la vie contemplative et du silence amoureux ou pour les querelles sur les états d'oraison et sur l'efficacité de la grâce. Nul ne prendrait plus au sérieux les rêveries de Mesdames Guyon et Bourignon; le nom de Swedenborg lui-même est tombé dans le domaine des fictions, et c'est bien à juste titre que St.-Martin, cet autre Jacob Bohme, ce dernier représentant de l'illuminisme en France, est surnommé le philosophe inconnu. Mais sans ressusciter d'oiseuses controverses et sans pourfendre des fantômes, ne peut-on pas envisager le mysticisme sous une face encore nouvelle et des plus propres à fournir des indications précieuses sur la manière dont le christianisme doit être compris ? N'y a-t-il pas un enseignement à déchiffrer dans ses erreurs, une espérance de vie à recueillir dans ses paroles de mort et sur sa tombe une bribe de vérité? Telle est la pensée de ce travail. Elle nous a été sug |
